En matière de droits LGBTQIA+, la Belgique est actuellement considérée comme l’un des pays les plus progressistes. L’homosexualité n’y a jamais réellement été pénalisée, mais il y avait cependant une majorité sexuelle différenciée entre 1965 et 1985 (fixée, à l’époque, à 15 ans pour les hétérosexuel·le·s, et à 18 ans pour les homosexuel·le·s). Il s’agit, en 2003, du deuxième pays au monde (après les Pays-Bas) à ouvrir le mariage civil aux unions entre personnes du même sexe. Le législateur sanctionne, la même année, toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle. L’adoption conjointe pour les couples de même sexe est autorisée depuis 2006. Et, l’année suivante, la loi permet aux personnes transgenres de changer de prénom et de modifier l’enregistrement de leur genre à l’état civil. Depuis 2017, cette procédure s’effectue sans conditions médicales (avant, les personnes transgenres étaient dans l’obligation de subir une opération génitale pour y accéder).

Cette situation, qui de prime abord semble idéale, ne résulte en réalité que d’une série d’engagements juridiques statuant sur l’accès des personnes LGBTQIA+ à des droits élémentaires. En pratique, la majorité des procédures qui en découlent demeurent complexes et chronophages. La loi omet toujours de nombreuses situations, ce qui exclut certaines minorités. Par exemple, aucune disposition légale (anti-discrimination, protection juridique) n’est prévue pour les personnes intersexes, toujours soumises à des mutilations génitales à la naissance. La loi de 2017 relative aux personnes transgenres présente, quant à elle, des éléments problématiques, qui ont été condamnés par la Cour constitutionnelle. Le changement de prénom et la modification de l’enregistrement du sexe à l’état civil n’y est autorisé qu’une seule fois, ce qui est exclu les personnes dont le genre est fluide. De plus, il n’est possible de s’inscrire à l’état civil que comme femme ou homme. Or, ce modèle binaire ne permet pas à chacun·e d’être reconnu·e dans la façon dont elle·il se définit. Il est dès lors demandé que d’autres catégories soient créées mais aussi que, sur demande de la personne concernée, cet élément puisse être supprimé de l’état civil.

Par ailleurs, dans les faits, les personnes LGBTQIA+ sont toujours victimes de discriminations. En 2018, l’institution Unia (centre interfédéral pour l’égalité des chances) confirme que la violence verbale et physique contre les personnes homosexuelles est encore une réalité dans notre pays. Un travail de sensibilisation à destination du grand public mais aussi des professionnel·le·s, notamment du secteur psycho-médicosocial, est donc primordial.